Maîtrisez votre débit

Le débit de parole ou vitesse d’élocution se réfère au nombre de mots prononcés en une durée déterminée (généralement le nombre de mots par minute).

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Débit

Par FELOBEL

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En français, le débit moyen sans support est entre 120 et 160 mots par minute. En deçà ou au-delà de cette vitesse, il s’agit d’une vitesse interpellante. Il faut garder à l’esprit que parler à une vitesse interpellante peut également être utilisé à dessein. Une conversation entre adultes avoisine les 200 mots/minute.

Selon une étude de 1999 (datée donc), les grands médias publics sont exprimés à du 200 mots par minute en moyenne. De nos jours, pour les enregistrements audio on préconise un débit à hauteur de 150 mots par minute.

Quelques concepts corrélés à celui de vitesse d’élocution :

  • La ligne du débit fait référence à la fluidité (continue ou irrégulière) du discours.
  • La syntaxe du débit fait, lui, référence au nombre de mots par phrases.
  • La discursivité du débit, quant à lui, est le nombre d’éléments dans la phrase et l’ordre de ceux-ci. Dans ce domaine, le philosophe Raphaël Enthoven est réputé pour structurer ses discours sur le modèle de la pyramide inversée, c’est-à-dire qu’il débute par la conclusion.

« Parler vite, c’est convaincre. Parler lentement, c’est inspirer »

Des études ont démontré que parler plutôt rapidement est plus convaincant, persuasif mais il ne faut pas oublier que rendre son discours intéressant dépend moins du propos que de la manière de le mettre en scène.

Pourquoi maîtriser votre débit ?

    • Cela permet de donner du relief à ses discours. C’est en grande partie ce relief qui maintient l’écoute et donne de l’attractivité à l’orateur.
    • Si parler lentement est un atout, parler trop lentement est un risque : celui de perdre l’attention de son auditorat ou, pire, de l’ennuyer.

9 conseils pour une bonne maîtrise du débit de parole :

1. Se servir des silences

Il s’agit là du conseil le plus précieux. Dans notre société, le silence est souvent associé à quelque chose de négatif, à un vide. En réalité, dans l’art oratoire il est extrêmement important et bien l’utiliser peut complètement changer la dimension du discours. Le silence possède une dimension charismatique. Il est donc intéressant dans un premier temps de se poser la question « qu’est-ce que m’évoque le silence ? ». Souvent, on l’associera à un manque de répartie, à la peur qu’on nous vole la parole ou de perdre le fil de ses idées… On pose donc un diagnostic. Dans un second temps, on s’efforcera d’associer une croyance utile au silence. C’est cette utilisation positive du silence qui permettra également de reprendre le contrôle sur son débit de parole. En réalité, montrer que l’on n’a pas peur de ponctuer son discours de silences bien dosés renforce l’image que l’on renvoie aux autres.

    2. Regarder son interlocuteur dans les yeux

    En regardant son audience dans les yeux, on s’adapte naturellement à la vitesse de compréhension de celle-ci. Cela peut paraitre intimidant et souvent l’orateur aura tendance à fuir du regard l’assemblée ou à balayer rapidement la salle sans s’attarder mais poser de temps à autre son regard sur nos interlocuteurs s’avère très utile pour prendre le pouls de sa réceptivité.

      3. Ecouter

      Cela permet également de rester dans l’échange ; car même s’il s’agit d’un monologue, déclamer un discours est (très) souvent un échange. Si l’auditorat ne dit rien, il est intéressant de rester connecté à lui et d’analyser son non-verbal. Généralement, cela permettra de corriger son débit de parole si nécessaire, exactement comme au point précédent.

        4. Se servir des ruptures de rythme

        Alterner les débits est une technique qui permet de garder la captation de l’attention du public. Il convient alors de mimer son propos avec son débit. Le comédien Fabrice Luchini est particulièrement célèbre pour le bon usage de cette technique. En effet, on accélérera le débit lors d’exemples ou d’anecdotes et on le réduira pour expliciter des éléments-clés du discours ou un argumentaire plus complexe. Au final, l’éloquence s’apparente à des montagnes russes : bien gérer son rythme c’est s’assurer que le voyage sera prenant.

          5. Modeler son débit au but recherché

          Il est intéressant d’adapter son débit au contexte et au but poursuivi : pour formuler une critique, on privilégiera un débit lent qui permet de s’expliquer ainsi que de permettre à chacun de comprendre notre argumentaire et, à l’inverse, lorsque l’on souhaite appuyer une vérité, on s’exprimera plus rapidement afin de ne pas laisser trop de temps de réflexion (ceci est également une technique commerciale).

            6. Apprendre à respirer

            « Bien respirer pour bien parler » : la respiration à privilégier pour une bonne maîtrise du débit est la respiration ventrale (abdominale) et non celle de la cage thoracique. Cela peut paraître étonnant mais respirer, acte vital par essence, s’apprend. Les exercices de respiration, mais également de relaxation, sont particulièrement conseillés avant une prise de parole (stressante de surcroît).

              7. Gérer son stress

              La voix est le premier indicateur de stress ou d’inconfort et on lie généralement un débit de parole rapide à la présence de stress/trac. Il s’agit d’une habitude prise particulièrement par les gens qui n’aiment pas parler en public. Or, parler vite lorsqu’on n’est pas enclin à la prise de parole en public est véritablement un cercle vicieux : on souhaite écourter le temps de la prise de parole en parlant vite mais ce faisant on perd l’attention de notre auditoire et en résulte donc une mauvaise expérience… Si l’on bafouille ou que l’on bute sur les mots c’est que l’on va trop vite. Souvent ces petites défaillances ont tendance à nous stresser de plus belle et à nous faire perdre nos moyens. Il faudrait au contraire réussir à les voir comme des opportunités de correction du débit de parole.

                8. Préparer son discours

                Il est important, dans la mesure du possible, de préparer son discours. Connaître  à l’avance sa vitesse discursive est un bon moyen de la travailler et l’adapter au  besoin. L’entraînement est vivement recommandé avant la déclamation d’un  discours et en ce qui concerne précisément le débit de parole il s’agit de rédiger  son texte à l’avance, le déclamer et se minuter. Attention : écrire un texte et le  déclamer sont deux choses différentes. L’erreur est de penser qu’écrire un texte  c’est savoir le dire.

                Connaître son temps de parole à l’avance est également un avantage non  négligeable. Cela permet de calibrer son discours et de ne pas accélérer sur la fin  pour clôturer son propos dans une hâte non contrôlée.

                  9. Travailler son articulation

                  Il existe toutes sortes de virelangues, célèbres que nous récitions dans l’enfance ou moins, qui sont autant d’exercices pour une meilleure articulation. En soignant votre diction vous poserez spontanément votre débit. S’entraîner à lire un passage de livre très distinctement et en veillant à respecter la ponctuation et à laisser des silences opportuns entre les idées, à modifier le rythme, etc. est un excellent exercice. Veiller à prononcer chaque syllabe ou encore lire les mots dans un premier temps « techniquement », comme si vous lisiez (feu) l’annuaire (comprenez : sans émotion particulière et d’un ton monotone) permet de vous concentrer exclusivement sur la diction.

                    Maîtriser son débit ≠ ralentir son débit.

                    Il s’agit de trouver le bon débit pour le discours en question et de se permettre d’alterner les rythmes selon les passages du discours. Le but poursuivi est de transmettre un message à un public ainsi que l’engager sur le contenu de notre propos et lui donner envie d’en savoir plus.

                    Fun facts 😂

                    L’élocution lente est souvent employée dans les discours importants/officiels car cela  donne plus d’impact à l’orateur. Les chefs d’États en particulier, lors des discours  solennels, s’expriment le plus généralement avec componction.

                    Le débat de l’élection présidentielle française qui oppose Jacques Chirac à François  Mitterrand (1988) voit le candidat (et Premier Ministre) Chirac s’exprimer lentement (+- 120 mots/minute). Le défunt président s’exprimait en moyenne dans un débit autour de  100 mots/minute (particulièrement lentement donc).

                    A l’inverse, Emmanuel Macron durant sa campagne de 2017, fait usage d’un débit de  parole rapide (+- 200 mots/minute).

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